Textes poétiques

Terre bigarade et chimères ancestrales

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De l'aube au crépuscule, les météores lumineux m'éblouissent. L'automne s'est installé, telle une flamboyante fraîcheur dont mon âme se nourrit.

En cette fin octobre, le ciel s'allume doucement, répandant à l'horizon les couleurs chaleureuses d'un monde qui ralentit.

Les citrouilles sont sculptées et illuminées chaque soir. Elles se font l'écho du peintre mystérieux qui chaque jour harmonise les tonalités de la vie. Chatoyantes faces grimaçantes qui inspirent les ombres de la nuit.

Tout comme cette orange amère, notre Terre porte en son sein des pépins amarescents qui ravivent nos peurs les plus sombres. Depuis les criminels numériques au cœur noir du système qui dérobent la vie de citoyens incrédules, jusqu'aux meurtriers armés de couteaux tranchants prêts à décapiter la République.

Il est plus facile de supprimer une vie que de la donner, plus simple de couper un lien que de le tisser, plus commode de briser des murs que de les construire, plus ordinaire de soumettre un jeune que de l'éduquer. L'être humain peut être si déconcertant et si destructeur parfois.

L'érable face à ma fenêtre s'est paré de rouge, laissant les derniers rayons du soleil embraser ses branches les plus hautes. Il est la réflexion de mon flamboyant optimisme.

Demain verra encore son lot d'actualités qui viendront percuter mon quotidien. Je ne veux en retenir que le beau, le bon, le bien.

Au fil des ans, j'ai éduqué du mieux possible mon cerveau afin qu'il ne se base pas uniquement sur le négatif. On ne se défait pas facilement de ce biais cognitif naturel qu'est la négativité, mais on peut apprendre à le dompter pour qu'il ne prenne pas le contrôle de nos sentiments et de nos réactions. Faire en sorte que nos méninges ne cherchent plus sans cesse les potentiels dangers pour apprendre à maîtriser tous les risques est un peu contre nature. Permettre à notre esprit de donner plus de poids au positif est déjà un premier pas.

« Trouve la lumière et capture l'éclat de l'instant présent » est la phrase que je me répète in petto le plus souvent.

Lorsque la journée se termine, je songe à ses bons côtés pour contrebalancer les mauvaises pensées qui restent parfois accrochées à des détails. Sombres griffes des branches qui se balancent dans la nuit, bientôt transpercées par l'éclat de la Lune du chasseur. Elle veille sur toutes les âmes, des deux côtés du voile. Elle était autrefois synonyme de fête, une dernière grâce en vue d'accueillir l'hiver.

Halloween approche, débridant mes rêves dans des scènes étranges. Dans mon tout dernier songe, j'ouvrais un cercueil sur lequel glissait une araignée et d'où jaillissaient des citrouilles. Je me suis réveillée puis rendormie en souriant. Le message de mon rêve m'invitait à prendre congé du passé (le cercueil) et me révélait que mon bonheur ne tient plus qu'à un fil de soie (l'araignée) et que de nombreux protecteurs sont là pour moi (les citrouilles).

Rien à voir avec mon précédent rêve, qui me hante encore, où je me voyais atteinte d'un cancer. Ce symbole peut signifier qu'un ennemi dangereux cherche à ruiner mon existence. J'ai donc naturellement repensé au courrier que j'ai reçu m'indiquant que mes données personnelles recueillies par l'APHP pour un test anti-covid ont été piratées en même temps que celles de milliers d'autres personnes. Cela a déclenché chez moi une alarme intérieure d'une puissance telle que j'en ai encore des maux de ventre.

Durant cette semaine, de nombreuses choses m'ont tourmentée. Interpréter mes rêves nécessite toujours un questionnement approfondi, souvent en lien avec mon état physique. Sans compter les symboles et les rapports aux souvenirs. Il faut parfois plusieurs jours avant que le message transmis devienne plus clair. Mais mon moi profond ayant déjà été averti d'une certaine manière, je suis rarement étonnée par ce qui m'arrive. C'est le côté positif et un peu amusant de la chose.

Ainsi, en recoupant les informations, je dois d'une part rester prudente envers moi-même et garder les idées claires sur le fait que de nouvelles intentions ne peuvent être réalisées que si le passé est enterré. Tout un programme qui m'invite à bien rester dans le présent pour mieux le vivre !

Pour l'heure, un nouveau jour s'est levé, sous un magnifique soleil. Je vais en profiter de ce pas pour aller me promener et me glisser avec délectation dans cet espace si personnel constamment ouvert entre la Nature et moi.


Sylveen S. Simon - Fragments d'automne - 
Terre bigarade et chimères ancestrales
(octobre 2021 - Photographies : Sylveen S. Simon)